Fiction, 2001
bois de chêne, câbles d’acier inox, acier et toile de coton
240 x 160 x 120 cm.
Jardin de Marie-Aline et Yves VIGNAU
impasse d’Agen, Bordeaux
Surgie d’un monde imaginaire où la Révolution de 1789 n’a pas eu lieu, cette chaise à porteurs convoque un des symboles de l’Ancien Régime.
Dans cet horizon fictif ou réinventé, la modernité semble néanmoins avoir fait son chemin : l’objet rejoint par sa forme et ses matériaux nos codes du
mobilier de jardin d’aujourd’hui. Léger et souple, il adapte le modèle de la chaise longue de type « transat » aux principes de la tenségrité .
Six tasseaux ou demi-chevrons de chêne (dont deux longues hampes ) s’orientent dans les trois directions de l’espace. Un réseau de câbles hypertendus
relie et distribue à distance les uns des autres ces éléments de l’assise . Le siège est constitué d’une toile de coton bleu roi auquel s’ajoute un haut-vent
carré de même couleur.
L’ensemble de ces éléments esquissent une sorte d’habitacle ouvert, lumineux, différent de la cabine exiguë destinée aux passagers du XVIIIe siècle.
Soumise à deux siècles d’évolution et d’ influences multiples par des modes de vie ultérieurs , elle n’en conserve pas moins sa fonction première : un
moyen de transport aristocratique pour circuler entre des espaces privés, jardins ou palais, par des passages étroits ou accidentés, à l’écart des voies
plus rapides.
A l’image de cet objet de fiction, la modernité reprend-elle à notre insu, sous de nouvelles modalités technique et esthétiques, les motifs et les usages
d’une autre époque, malgré l’infinie diversité des possibles et le cycle des révolutions?
Le public, selon son rang, à défaut d’y répondre, est invité à prendre place. Mais sommes-nous maître ou serviteur ? Où sont les porteurs ?